Dans la tête d’un chiantifique : La bullshit du Pharmachien sur le soi-disant mouvement antivaccin

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Voici le deuxième article de la toute nouvelle série Analyse du discours chiantifique du Pharmachien, une série d’aventures rocambolesques où le chihuahua de Big Pharma mord à pleins crocs dans ses propres textes et les déchiquette à l’aide de son propre détecteur de bullshit.

Vous pouvez lire la première partie ici et vous procurer l’in-dis-pen-sable détecteur de bullshit en achetant le Tome 3 du Pharmachien : La bible des arguments qui n’ont pas d’allure. Heureusement, pour ceux et celles qui seraient gênés de se prêter à un tel exercice, le contenu est disponible gratos sur le web moyennant quelques secondes de recherche.

Deux faux dilemmes et un autre homme de paille

Poursuivons donc notre analyse critique du discours pharmachieutique avec le texte Dans la tête d’un conspirationniste et une étiquette très à la mode : le mouvement antivaccin*.

Ce printemps, le styliste de l’espace discursif invite sa meute à oser l’usage excessif de sophismes et la sempiternelle vision manichéenne du débat sur la vaccination :

mouvement antivaccin -théorie conspi

D’emblée, soulignons que si « le mouvement anti-vaccins est une théorie de conspiration », comme le prétend le Pharmachien, c’est qu’il n’existe pas.

On pourrait donc s’arrêter là, mais puisque c’est si bon, pourquoi se priver d’un tel délice qui n’engraisse que notre sens critique? Vautrons-nous dans ce festin d’ironie que nous offre aveuglément Olivier Bernard sur un plateau en stainless avec son propre bistouri.

Nous pouvons déduire de ce passage de son texte que, selon lui, les personnes qu’il considère comme ayant un raisonnement dit normal savent que les vaccins sont efficaces et/ou sécuritaires par opposition aux soi-disant conspirationnistes antivaccins au raisonnement déficient, lesquels croient « que les vaccins ne sont pas efficaces et/ou sécuritaires ». Cette croyance implique selon lui que presque tous les scientifiques, professionnels de la santé etc. sont « soit à la solde de l’industrie pharmaceutique, soit incroyablement incompétents et naïfs ». (C’est l’auteure qui souligne.)

Dans sa bible de l’argumentation, Saint-Olivier a pourtant mis ses apôtres en garde contre ce type de raisonnement fallacieux :

faux dilemme-détecteur bullshit

Tantôt Platon, tantôt Protagoras, Olivier Bernard est une sorte de Jekyll and Hyde de la pensée critique, élevant le concept de l’autodémolition à un tout autre niveau, pour ne pas dire à son paroxysme.

Admirez de surcroît comment il fabrique du même coup un homme de paille.

Rappelons d’abord que dans son détecteur de bullshit, le Pharmachien nous explique que l’homme de paille est un procédé consistant à fabriquer un argument facile à démolir et qu’il existe plusieurs façons de le faire :

  1. « déformer le propos pour qu’il soit plus facile à détruire
  2. attaquer un argument qui n’a même pas été prononcé
  3. s’opposer au point de vue le plus extrême sur le sujet
  4. citer les propos hors de leur contexte »

Dans le passage que nous venons de voir :

  1. il réduit les critiques envers la vaccination à un argument extrême, facile à détruire : les vaccins ne sont pas efficace et/ou sécuritaire;
  2. il s’attaque à un argument qui n’a pas été prononcé car il l’a lui-même fabriqué à partir d’une position extrême venue d’on ne sait où; cette position est attribuée à ce qu’il appelle le mouvement antivaccin, lequel n’est en réalité qu’une construction sociale, une entité très floue, une catégorie dans laquelle on classe contre leur volonté bon nombre de personnes qui n’ont aucun lien entre elles, ont des opinions divergentes et qui trop souvent ne sont même pas antivaccins, tout ça dans le but de discréditer des critiques et des craintes tout à fait légitimes et rationnelles envers la vaccination, basées sur des faits vérifiables et vérifiés;
  3. voir 1;
  4. le propos n’a pas été cité par une personne ou un groupe d’individus précis, donc le contexte n’existe même pas en dehors de son imagination.

Deux faux dilemmes et un homme de paille en une seule phrase. Faut le faire.

Quelques faits sur l’efficacité et l’innocuité des vaccins et autres médicaments

Si le but de ce texte n’est pas de débattre de la vaccination mais de relever les paralogismes du Pharmachien, il convient tout de même de rappeler qu’il arrive qu’en effet, les vaccins ne soient pas efficaces :

zéro pourcent efficace

Le Pharmachien, qui appuie la Cochrane Library, ignore probablement qu’une méta-analyse de cette dernière a conclu que la « vaccination contre l’influenza avait des effets modestes sur la réduction des symptômes de l’influenza et l’absentéisme au travail ». Les auteurs ajoutent que les « résultats de cette analyse semblent décourager l’utilisation de la vaccination contre l’influenza chez les adultes en santé comme mesure courante de santé publique ».

L’efficacité du vaccin de Merck contre les oreillons est par ailleurs au cœur d’un litige aux États-Unis.

Stephen Krahling and Joan Wlochowski, deux virologues à l’emploi de Merck, ont intenté des poursuites en 2010 contre la société pour avoir « escroqué le gouvernement durant plus d’une décennie » en lui à vendant « un vaccin contre les oreillons qui est mal étiqueté, faussement étiqueté, falsifié et faussement certifié comme ayant un taux d’efficacité significativement plus élevé qu’il ne l’est en réalité ». L’affaire est toujours devant les tribunaux.

Il arrive également que les vaccins ne soient pas sécuritaires.

Le Programme de compensation national des blessures vaccinales aux États-Unis a déboursé plus de 4 milliards de dollars en compensations depuis sa création en 1989 et le très méconnu Programme d’indemnisation des victimes d’une vaccination au Québec a versé pour sa part environ 5,8 millions de dollars depuis sa création la même année.

En février 2020, BMC publiait une revue systématique avec méta-analyses de données d’essais cliniques des vaccins contre le virus du papillome humain (VPH). L’étude a été financée par le Nordic Cochrane Center, lequel est financé par le gouvernement danois. Les chercheurs ont conclu que si ces vaccins réduisaient les précurseurs du cancer du col de l’utérus, ils augmentaient également les troubles graves du système nerveux.

Aux États-Unis, 130 personnes ont été indemnisées pour des préjudices corporels causés par le vaccin contre le VPH.

En outre, une foule de vaccins pédiatriques recommandés par les autorités sanitaires n’ont pas fait l’objet d’études randomisées, contrôlées par placébo, visant à assurer leur innocuité. En l’absence d’études comparant un groupe vacciné à un groupe non vacciné, il est impossible de déterminer si un problème de santé quelconque est dû ou non à la vaccination. Tout cela a été confirmé par Stanley Plotkin, l’auteur de Plotkin’s Vaccines, la bible des vaccins.

Il arrive aussi que les vaccins n’aient pas l’effet désiré, mais l’effet contraire.

NPR, le réseau d’information publique aux États-Unis, rapportait en 2017 que des souches du vaccin contre la polio qui s’étaient « échappées dans la nature » et avaient muté causaient plus de paralysie que le poliovirus sauvage.

Pire encore, la recherche sur les vaccins contre les infections virales, incluant les coronavirus, fait face un problème d’innocuité particulier, soit l’augmentation de la susceptibilité à l’infection induite par la vaccination. Lorsque ce phénomène se produit, les sujets vaccinés ont plus de chances d’être infectés par un virus contre lequel ils ont été vaccinés.

Le Dr. Anthony Fauci,  directeur de l’Institut national des maladies infectieuses aux États-Unis l’a lui-même rappelé en conférence de presse récemment (à 3:00 dans la vidéo) :

« Est-ce que le vaccin peut empirer votre situation? Il existe des maladies pour lesquelles on vaccine des personnes et elles deviennent infectées par ce contre quoi vous tentez de les protéger et, ainsi, vous augmentez l’infection. »

Fait intéressant en ces temps de coronavirus, une récente étude du département de la Défense des États-Unis a démontré que le vaccin contre la grippe saisonnière augmentait de 36 % les risques de coronavirus. Notons que l’étude a été menée avant l’apparition du SARS-CoV-2.

vaccine illusionEnfin, dans son livre Les vaccins sont-ils une illusion? l’immunologiste Tetyana Obukhanych explique comment les vaccins compromettent le système immunitaire. Elle se base sur des études publiées dans des revues à comité de lecture pour expliquer pourquoi la vaccination contre la grippe est comparable à « une partie de roulette russe » et comment « les vaccins peuvent ouvrir la voie à d’autres maladies ».

Les exemples d’innocuité sont nombreux en ce qui concerne non seulement les vaccins, mais une foule de médicaments.

La revue indépendante Prescrire, rédigée par des professionnels de la santé n’ayant aucun lien direct ou indirect avec les pharmaceutiques, publie chaque année une liste de « médicaments à écarter pour mieux soigner ».

Le bilan de 2020 comprend 105 médicaments.

Marcia Angell, associée du Center for Bioethics de la Harvard Medical School et ancienne rédactrice en chef du New England Journal of Medicine, a déclaré en 2012 :

Marcia Angell, MD ('60)
Marcia Angell

« La plupart des grandes sociétés pharmaceutiques ont été accusées de pratiques illégales […] En outre, plusieurs médicaments parmi les plus vendus, comme le Vioxx, ont fait l’objet d’une vaste promotion même si l’on savait qu’ils n’étaient pas sécuritaires. Dans certains cas, les fabricants ont délibérément supprimé des informations à propos des risques. »

Nous jetterons un œil sur quelques-unes de ces poursuites plus loin dans ce texte.

De hauts dirigeants de l’industrie ont également dénoncé les dangers des médicaments qu’ils ont contribué à mettre en marché.

Par exemple, dans Médicaments effets secondaires : la Mort, John Virapen, psychiatre et ancien directeur général de Eli Lilly, fabricant du Prozac, décrit « pièces en main, la falsification des études cliniques, la dissimulation des accidents mortels aux agences de contrôle, les mensonges systématiques aux généralistes par les visiteurs médicaux et surtout la corruption des experts universitaires infiltrés dans les agences d’État et celle des politiques ».

Le résumé de la version française parue en 2015 dresse un portrait peu flatteur de l’industrie :

medicaments-effets-secondaires-la-mort« Scandales incessants – Opren, Vioxx, Isoméride, Mediator, antidépresseurs… 60 % de prescriptions ou de médicaments inutiles vendus 10 à 100 fois leur prix de revient à 25 millions de bien-portants, « souffrant » de maladies qui n’existent guère, inventées par l’industrie pour son profit : pré-hypertension artérielle, pré-diabète, pré-ostéoporose, cholestérol, dépression, etc. Résultat par an : 30 000 morts en France (troisième cause de mortalité après les cancers et maladies cardio-vasculaires) et 12 milliards d’euros au seul bénéfice de cette industrie devenue ainsi première du monde (+ 20 % par an !) et qui, selon l’ONU, corrompt à tous les niveaux, gouvernements, parlements, agences de santé, experts, sociétés scientifiques et médias médicaux. »

Gwen Olsen, représentante commerciale pour diverses sociétés affirme que la minimisation des effets secondaires et la désinformation qu’elle a contribué à propager sur les médicaments a causé des préjudices corporels et tué des patients.

Comment peut-on en vouloir à qui que ce soit de douter de l’efficacité et de l’innocuité des vaccins alors que l’industrie qui les fabrique a été dénoncée de toutes parts et reconnue coupable à maintes reprises d’avoir menti sur l’innocuité de ses produits et manipulé les professionels de la santé?

Pourquoi cette industrie serait-elle soudainement blanche comme neige lorsqu’il est question des vaccins?

Pour quiconque s’attarde un peu aux faits et prend le temps d’écouter les lanceurs d’alerte, la méfiance envers la vaccination et les médicaments en général est tout à fait justifiée.

La capture réglementaire, le comportement mafieux et l’influence perverse de l’industrie pharmaceutique, l’autocensure et le suicide professionnel

En ce qui concerne le deuxième faux dilemme du Pharmachien selon lequel remettre en question l’efficacité et l’innocuité des vaccins implique nécessairement que

« la quasi-totalité des…… scientifiques

  • … professionnels de la santé
  • … chercheurs indépendants
  • … experts de la santé publique
  • … organismes réglementaires
  • … analystes du gouvernement

… sont soit à la solde de l’industrie pharmaceutique, soit incroyablement incompétents et naïfs »,

il permet au Pharmachien d’ignorer totalement le phénomène de capture réglementaire des organismes de santé publique par l’industrie pharmaceutique, l’influence perverse de celle-ci dans le domaine de la recherche médicale, ainsi que le sort réservé aux lanceurs d’alerte – lynchage, diffamation, perte d’emploi, sanction ou radiation des ordres professionnels – un très mauvais sort qui en fait taire plus d’un.

Dans Corrompu jusqu’à la moelle, feu Shiv Chopra, lanceur d’alerte de Santé Canada, illustre bien la capture réglementaire par l’industrie pharmaceutique et le sort réservé aux lanceurs d’alerte. On peut lire dans un article de La Tribune paru en 2009 :

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Shiv Chopra

« Shiv Chopra et trois de ses collègues scientifiques ont été congédiés par Santé Canada, même si les tribunaux leur avaient donné raison, après qu’ils eurent informé les médias et témoigné devant des comités sénatoriaux et parlementaires.

“Cet homme-là avait à coeur la santé publique. Lorsqu’une compagnie veut faire homologuer un produit elle doit fournir des données scientifiques qui assurent son innocuité pour la santé humaine et animale. La Loi sur les aliments et les drogues l’exige”, expose M. Charbonneau.

“Mais sous la pression du lobby pharmaceutique, on a souvent ignoré les demandes des scientifiques et obligé les services à les approuver”, ajoute-t-il. »

Joel Lexchin, professeur de médecine à l’Université de Toronto, dénonçait en 2017 le penchant du gouvernement canadien en faveur de l’industrie pharmaceutique dans deux domaines :

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Joel Lexchin

« Le premier concerne les relations entre l’industrie et Santé Canada et se manifeste dans la réglementation des essais cliniques, le système d’approbation des médicaments, l’innocuité et la promotion des médicaments. Le second concerne la politique économique qui s’applique aux politiques relatives à la protection des brevets, au prix des médicaments et aux mesures prises pour encourager la recherche et le développement. Les problèmes de ces relations sont structurels et ne seront résolus que par des changements systémiques [2]. »

remèdes mortelsEn ce qui concerne l’influence indue et le comportement mafieux de l’industrie sur les services de santé et la littérature médicale, le tout est très bien documenté dans le livre Remèdes mortels et crime organisé. Comment l’industrie pharmaceutique a corrompu les services de santé de Peter Gøtzsche.

L’auteur « apporte des preuves détaillées démontrant que le pouvoir d’intimidation de l’industrie pharmaceutique est colossal, ce qui explique la gravité des dégâts infligés partout », selon le médecin et traducteur de l’ouvrage, Fernand Turcotte, qui ajoute que « [l]e public doit être informé de ces horreurs ».

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Peter Gøtzsche

Gøtzsche est le cofondateur et ancien directeur de la Cochrane Collaboration (aujourd’hui Cochrane), considérée comme « la meilleure ressource pour la recherche méthodologique et le développement de la méta-épidémiologie » selon le Journal de l’Association médicale canadienne.

Une critique du livre de Gøtzsche parue dans la revue Le Médecin de famille canadien d’avril 2014 conclut que « la preuve est accablante », mais que le point le plus important du livre est celui-ci :

« Cela démontre que la médecine et les recommandations factuelles ont été piratées car les données factuelles ont été systématiquement faussées. » (C’est l’auteure qui souligne.)

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Jerome P. Kassirer

À cette désinformation s’ajoute la complicité entre les pharmaceutiques et les médecins, dénoncée par l’ancien rédacteur en chef du New England Journal of Medicine (NEJM), Jerry Kassirer. Il affirme dans son livre On the Take: How Medicine’s Complicity with Big Business Can Endanger Your Health, paru en 2004, que cette relation malsaine « fait perdre aux médecins leur sens moral », au point où elle met la santé du public en danger.

Gøtzsche a été expulsé du conseil d’administration de Cochrane après avoir critiqué avec deux autres chercheurs la revue de Cochrane sur les vaccins contre le VPH. Les auteurs estimaient que la revue de Cochrane était incomplète et qu’elle avait ignoré d’importants biais évidents.

Kassirer a été viré du NEJM en 1999. Son licenciement est dû selon lui au fait qu’il a « résisté aux pressions incessantes des propriétaires de la revue pour utiliser la réputation du journal comme outil de commercialisation afin d’augmenter les profits ».

Jerry Kassirer, Marcia Angell, elle aussi ancienne rédactrice en chef du New England Journal of Medicine, Richard Horton, rédacteur du Lancet, et Richard Smith, ancien rédacteur en chef du British Medical Journal, tiennent tous le même discours : Les revues médicales sont des extensions des services de commercialisation des sociétés pharmaceutiques.

Horton, qui affirme que « [l]es meilleurs rédacteurs se font virer », a même employé une image similaire à celle de Gøtzsche en affirmant en 2004 que « les revues médicales ont dégénéré en une opération de blanchiment d’information pour l’industrie pharmaceutique ». (C’est l’auteure qui souligne.)

Bref, plusieurs personnes anciennement ou toujours à la tête des revues médicales les plus prestigieuses dénoncent la mainmise de l’industrie pharmaceutique sur la littérature médicale et les dangers qu’elle comporte pour la santé publique.

Peter Rost, ancien directeur adjoint de la commercialisation chez Pfizer a lui aussi dénoncé l’influence de l’industrie dans tous les domaines de la santé :

« Les universités, les organismes de santé, tous ceux que j’ai rencontrés lorsque j’étais dirigeant, sont là avec la main tendue. Tout le monde demande de l’argent. Tout le monde est sans le sou. Les gouvernements n’ont pas d’argent, les universités n’ont pas d’argent […], les seuls qui ont de l’argent sont les grandes multinationales. Et elles ont beaucoup d’argent et, en gros, elles utilisent cet argent pour acheter de l’influence.

Voici comment ça fonctionne. On donne des subventions pour différents types de recherche, on participe à la recherche avec eux, on crée des liens d’amitié, on s’assure qu’ils nous deviennent redevables et l’on paie directement des professeurs, des médecins, des chercheurs, comme conférenciers par exemple […], on leur donne de l’argent pour des programmes d’éducation où ils peuvent faire des profits et ils sont listés sur ces programmes comme étant supposément des tierces parties, indépendants des sociétés, et ça va. Mais vous et moi pouvons imaginer que si vous avez un budget promotionnel dans une entreprise privée, vous allez probablement donner cet argent aux universités dont les programmes appuient davantage vos médicaments et celles qui ne les appuient pas ou les critiquent d’une manière ou d’une autre ne recevront rien. Et tout le monde sait évidemment que c’est comme ça que ça marche. »

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à la santé Dainius Pūras a lui aussi dénoncé en 2017 la « “normalisation” de la corruption dans le domaine de la santé » et le manque de transparence dans les relations entre l’industrie et le secteur de la santé.

Au-delà de tous ces témoignages de professionnels de la santé et de l’industrie, le comportement criminel des sociétés pharmaceutiques a été exposé dans de nombreuses poursuites judiciaires aux États-Unis.

Le média indépendant ProPublica a publié une liste des amendes payées par les grandes sociétés pharmaceutiques pour fraude et renseignements trompeurs (Pfizer), fausses déclarations sur l’innocuité de médicaments (Merck, GlaxoSmithKline), pots-de-vin et surfacturation (Sanofi-Aventis) ainsi que promotion de médicaments non approuvés par la Food and Drug Administration (FDA) pour traiter certaines maladies (Johnson & Johnson, Eli Lilly, AstraZeneca, Abbott, Endo). Plus de détails ici.

En 2012, la société Amgen a payé 762 millions de dollars d’amendes pour la promotion illégale d’Aranesp en suggérant son utilisation « à des doses que la FDA avait explicitement rejetées, ainsi que pour un traitement hors indication qui n’avait jamais été approuvé par la FDA ».

pharmachien vrai n'importe quoiNotons au passage qu’Olivier Bernard a fait 3 conférences commanditées par cette société en 2013 et 2014. Il a également participé à 7 conférences en collaboration avec Excellerate, pour le compte d’une société pharmaceutique qu’il ne nomme pas. Excellerate a offert ses services, entre autres, à Pfizer, GlaxoSmithKline, Sanofi, AstraZeneca, Abbott, Agmen, toutes reconnues coupables de méfaits et citées plus haut.

Excellerate offre des formations aux employés de l’industrie pharmaceutique afin de les aider à « atteindre leurs objectifs d’entreprise » tout en étant « centrés sur le patient ».

Si ces intentions sont louables, la mission que s’est donnée Excellerate semble impossible.

Comment concilier profits et bien-être du patient si, selon Gøtzsche, « la consommation actuelle de psychotropes pourrait être réduite de 90 %, tout en améliorant la santé mentale et physique ainsi que la survie des patients », et si, selon le médecin et professeur français Philippe Even, « 80 % des médicaments ne servent à rien »?

Les Pr Philippe Even et Bernard Debré sont les auteurs du Guide des 4000 Médicaments utiles, inutiles ou dangereux – Cancer, hypertension, dépression… Ils ont été sanctionnés par l’Ordre des médecins pour ce livre jugé « controversé ».

Philippe-Even-les-derives-de-la-sante-publique

Bref, les expériences de Chopra, Gøtzsche, Kassirer, Even et Debré démontrent que dénoncer l’industrie pharmaceutique ou s’opposer à elle équivaut souvent à un suicide professionnel. Et ce ne sont que quelques exemples, il en existe d’autres qui ont dénoncé spécifiquement les effets secondaires des vaccins et à qui l’on a réservé un sort similaire.

Dans la tête du chiantifique cependant, cette réalité poussant de nombreux professionnels de la santé à l’autocensure est un phénomène inexistant et le discours des soi-disant antivaccins se résume à cette simplicité désarmante : « Des millions de scientifiques sont au courant de la conspiration et SURTOUT sont capables de garder le secret entre eux. »

Comme nous venons de le voir, la réalité est bien plus complexe.

Et toute personne consciente de cette réalité ne peut faire autrement que se méfier de l’efficacité et de l’innocuité des produits pharmaceutiques. Il s’agit d’une réaction normale et tout à fait rationnelle.

Paradoxalement, critiquer la vaccination vous vaut trop souvent un diagnostic de maladie mentale et il est évident que pour un professionnel de la santé, cela revient à risquer sa carrière. Dans un tel contexte, l’autocensure constitue la meilleure alternative.

Il est à peine exagéré de dire que de nos jours, toute critique de la vaccination, aussi légitime soit-elle, fait systématiquement de vous un antivaccin, étiquette venant avec un aller simple pour le royaume des théories farfelues. Au mieux, on vous met de force sur un vol direct vers la terre plate, au pire vous devrez faire une escale chez les reptiliens.

Bon nombre d’individus qui ne sont pas antivaccins, dont l’auteure, sont traînés dans la boue et amalgamés à ce « mouvement », ce qui a pour effet de réduire la discussion sur la vaccination à une logique de tout noir tout blanc, comme nous l’a si magistralement démontré notre dalmatien de l’art oratoire avec son faux dilemme/homme de paille. Selon lui, on est soit une personne « rationnelle » ayant un point de vue éclairé sur la vaccination ou un « conspirationniste antivaccin ».

D’ailleurs, les termes « antivaccin » et « conspirationniste » employés tout au long de l’article du Pharmachien sont des attaques personnelles n’apportant « rien d’utile à la discussion ». Il l’a dit lui-même dans un moment de lucidité en écrivant son détecteur de bullshit :

insulte

Ces insultes permettent de détourner l’attention des informations véhiculées par les présumés conspirationnistes antivaccins, informations critiques de l’industrie pharmaceutique. L’auteure se fait constamment qualifier de « conspirationniste antivaccin », simplement parce qu’elle publie des informations critiques de l’industrie et de ses produits, informations qui font rarement la une du téléjournal.

Où sont les théories de conspiration dans ce que vous venez de lire? Tout est factuel et documenté.

Cette tactique visant à tirer sur le messager mène à l’ignorance de faits cruciaux pour comprendre les enjeux de santé publique et à l’illusion de connaissance des personnes considérées comme rationnelles, sophisme que nous aborderons dans le prochain segment.

En attendant, vous pouvez toujours aller sur le site du Pharmachien, dont la « mission plus large est d’aider les gens à développer leur esprit critique et à faire de meilleurs choix en matière de santé. » (C’est lui-même qui souligne)

Notes

1. L’auteure écrit « antivaccin » et non « anti-vaccin » puisque selon les règles de l’Office québécois de la langue française :

« Les mots formés avec le préfixe anti-, qu’ils soient noms ou adjectifs, s’écrivent généralement en un seul mot, sans trait d’union […]

Formés avec anti- suivi d’un nom et employés comme adjectifs

Les mots formés avec anti- suivi d’un nom, lorsqu’ils sont employés comme adjectifs, suivent la règle générale d’accord au pluriel : ils s’écrivent sans s au singulier et avec un s au pluriel. Ils ne varient par contre pas en genre. Dans les dictionnaires, on constate que le choix du nombre n’est pas constant d’un ouvrage à l’autre, voire à l’intérieur d’un même ouvrage. Mentionnons les cas où le sens est « inconvénient contre lequel on lutte ». Certains auteurs optent pour l’invariabilité de l’adjectif, que le nom que celui-ci accompagne soit au singulier ou au pluriel (par exemple, des campagnes antitabac). On remarque aussi l’emploi de l’adjectif au pluriel, employé avec un nom au singulier, lorsque l’on veut rendre l’idée de pluralité (par exemple, une crème antirides). Ces dernières formes ne sont pas fautives, mais ne devraient pas être privilégiées. »

2. Notons que l’an dernier, le gouvernement Trudeau a modifié le Règlement sur les médicaments brevetés du Canada afin de réduire le prix des médicaments d’ordonnance.

Le nouveau règlement pourrait faire perdre beaucoup d’argent à l’industrie qui se fait menaçante en prétendant que la recherche pharmaceutique au Canada et la disponibilité de certains médicaments pourraient être affectées.

Selon Reuters, l’industrie craint que cette réforme affecte son marché le plus lucratif, les États-Unis, où des législateurs ont suggéré d’importer des médicaments du Canada ou de baser leurs prix sur ceux d’autres pays, incluant le Canada.

Cela dit, le prix des médicaments n’est qu’un des problèmes soulevés par le Dr. Lexchin.

*

Les sujets abordés sur ce blogue étant controversés, je ne trouverai jamais de travail dans un grand média et, de toute manière, je n’ai aucune envie d’aller travailler pour et avec des propagandistes. Si mes textes vous plaisent, je vous invite à contribuer à mon salaire avec un don par courriel ou PayPal :

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3 commentaires sur “Dans la tête d’un chiantifique : La bullshit du Pharmachien sur le soi-disant mouvement antivaccin

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  1. C’est énorme j’adore tes articles, bon même s’il, en l’occurrence celui-là, m’a bouffé la moitié de mon après-midi, le temps de le lire ainsi que tous les liens 😅🤷🏼‍♂️
    Maintenant je retrouve un problème qui me laisse perplexe, c’est dire que l’on ne peut utiliser, par exemple dans cette article, une preuve cochrane et après dire que les informations de cochrane sont tronquées.
    Qu’on se comprenne bien ce n’est pas une critique c’est que je suis persuadé que ce sera la faille qui permettra aux détracteurs de tout remettre en cause.
    D’ailleurs tu l’expliques dans la saison 1 du pharmachien où il suffit d’un faux pour qu’il dénigre tout ce qui va avec…
    Du coup étant un lambda je ne sais comment faire pour résoudre ce dilemme 😕

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    1. En effet c’est problématique, mais je crois qu’il est possible de naviguer là-dedans en prenant certains facteurs en compte, comme le financement des études et les conflits d’intérêts des chercheurs. Pour ce qui est de la méthodologie, je regarde si des experts l’ont commentée. Ce n’est pas facile, mais on n’a pas trop le choix de faire avec. C’est un peu comme les médias traditionnels. Il y a plein d’infos valides à travers la propagande dans les médias traditionnels. Il faut seulement la chercher.

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