Voici un excellent texte de Lawrence Solomon. L’article original, « The untold story of measles », est paru en anglais dans le Financial Post le 16 avril 2014. Rappelons que le Financial Post est tout ce qu’il y a de plus mainstream.
L’auteur remet en question la vision répandue selon laquelle les éclosions de rougeole sont tout simplement dues à la baisse du taux de vaccination. En réalité, l’inefficacité du vaccin contre la rougeole serait en cause, puisque, contrairement au virus naturel, il ne confère pas d’immunité à vie.
Lawrence Solomon va dans le même sens que l’immunologiste Tetyana Obukhanych dont la lettre ouverte est disponible ici : « Les enfants non vaccinés ne présentent pas plus de risques pour la population que les enfants vaccinés », explique une immunologiste de Harvard aux législateurs étasuniens.
Lawrence Solomon est directeur de recherche au Consumer Policy Institute. LawrenceSolomon@nextcity.com
L’histoire inédite de la rougeole
Lawrence Solomon
Plusieurs décennies après l’introduction du vaccin, le taux de mortalité dû à la rougeole a augmenté, en grande partie parce que le vaccin a rendu les adultes, les femmes enceintes et les nourrissons plus vulnérables.
Au début du siècle dernier, la rougeole tuait des millions de personnes chaque année. Puis, la chute du taux de mortalité dans les pays développés a progressé lentement pour atteindre 98 % ou plus dans les années 1960. Au Royaume-Uni, il a fait une chute stupéfiante de 99,96 %.
Le vaccin contre la rougeole est ensuite entré sur le marché.
Après l’introduction du vaccin, le taux de mortalité attribuable à la rougeole a continué de baisser dans les années 1970. Beaucoup de scientifiques attribuent entièrement ce déclin constant à la vaccination. D’autres croient que le vaccin a joué tout au plus un rôle mineur, notant que la plupart des maladies infectieuses se sont estompées au cours du XXe siècle, y compris certaines maladies comme la scarlatine, pour lesquelles on n’a jamais développé de vaccins.
Les scientifiques sont généralement d’accord pour dire que ce siècle de déclin est dû à l’amélioration de la nutrition et des soins de santé, effets secondaires de la richesse croissante de l’Occident. Aux États-Unis, le taux de mortalité a chuté d’environ 98 %, passant d’environ 10 personnes sur 100 000 il y a un siècle à un cinquième d’une personne en 1963, l’année où les vaccins contre la rougeole ont fait leurs débuts là-bas. [Voir graphique qui chapeaute le texte].
Avant et après le début de la vaccination, les victimes avaient tendance à être démunies.
Une étude menée dans l’American Journal of Public Health, « Mortalité attribuable à la rougeole aux États-Unis 1971-1975 », a révélé que le taux de mortalité dû à la rougeole était presque 10 fois plus élevé chez les familles dont le revenu médian était inférieur à 5000 dollars que chez les familles dont le revenu dépassait un modeste 10 000 dollars. Les familles en dehors des régions métropolitaines, qui avaient généralement des soins de santé de piètre qualité, avaient un taux de mortalité trois fois plus élevé.
Une étude historique, publiée antérieurement dans l’American Journal of Epidemiology par Roger Barkin du Centres for Disease Control, en était venue aux mêmes résultats inquiétants démontrant les effets néfastes de la rougeole chez les personnes défavorisées. Là, l’ethnie entrait en ligne de compte parce que les enfants noirs étaient disproportionnellement victimes, non pas du virus de la rougeole en soi, mais de la pauvreté. Un enfant noir démuni et un enfant blanc démuni couraient les mêmes risques élevés de mourir de la rougeole, mais les victimes étaient principalement noires parce que les enfants blancs vivaient rarement dans une pauvreté abjecte.
La rougeole ne discriminait pas uniquement en fonction du revenu. Dans une autre étude, Barkin a constaté que les enfants souffrant de maladies sous-jacentes étaient particulièrement vulnérables, et que la « majorité de ce groupe affichaient un retard physique ou mental, ou les deux ». Lorsqu’il a réalisé que la rougeole tuait de manière sélective Barkin a souligné que les populations vulnérables, plutôt que la population générale, devraient être ciblées pour la vaccination contre la rougeole.
Avant l’introduction du vaccin, à l’époque où le virus naturel de la rougeole infectait l’ensemble de la population, la rougeole – « une maladie infantile typiquement bénigne », comme le décrivait Clinical Pediatrics – était accueillie favorablement en raison de l’immunité à vie qu’elle conférait, évitant ainsi des infections dangereuses à l’âge adulte. À l’ère actuelle du vaccin, les adultes représentent entre le quart et la moitié des cas de rougeole. La plupart d’entre eux impliquent une pneumonie et le quart requièrent une hospitalisation.
Autre fait important, les cas de rougeole pendant la grossesse ont augmenté dangereusement parce que les femmes enceintes n’ont plus l’immunité à vie. Aujourd’hui, les femmes enceintes vaccinées sont en danger parce que l’efficacité du vaccin antirougeoleux diminue avec le temps et il ne parvient souvent pas à protéger contre la rougeole.
À Houston, on a étudié 12 femmes enceintes et une qui venait de donner naissance, toutes atteintes de la rougeole. L’une d’entre elles est décédée, sept femmes ont souffert de pneumonie et sept d’hépatite, quatre femmes ont accouché prématurément et l’autre a perdu son enfant dans un avortement spontané [fausse couche].
Une étude portant sur huit femmes enceintes atteintes de la rougeole au Japon a révélé que trois d’entre elles ont subi des avortements spontanés ou des mortinaissances, quatre bébés sont nés avec la rougeole congénitale, deux mères ont souffert de pneumonie et une mère a subi un choc hémorragique.
Une étude menée à Los Angeles sur 58 grossesses de ce genre a révélé que 21 d’entre elles avaient pris fin prématurément (trois avortements provoqués, cinq avortements spontanés et treize accouchements prématurés). Trente-cinq des 58 mères ont été hospitalisées, 15 ont contracté une pneumonie et deux sont décédées.
Le danger s’étend aux bébés, dont les corps sont trop immatures pour recevoir le vaccin antirougeoleux avant un an, ce qui les rend entièrement dépendants des anticorps hérités de leur mère. Dans leur première année hors de l’utérus, les nourrissons souffrent du taux le plus élevé d’infections rougeoleuses et des dommages les plus durables. Cependant, les mères vaccinées ont peu d’anticorps à transmettre – seulement environ un quart de ce qu’ont les mères protégées naturellement par la rougeole – laissant ainsi les nourrissons vulnérables trois mois après la naissance, selon une étude parue [en 2013] dans le Journal of Infectious Diseases.
Les enfants infectés par le VIH, lesquels pourraient représenter la majorité des décès infantiles liés à la rougeole, souffrent eux-aussi lorsque leurs mères ont été vaccinées, car le VIH réduit davantage les anticorps dont ils héritent.
Selon une étude de 2004 publiée dans le Journal of Infectious Diseases, rédigée par des chercheurs du Centers for Disease Control et de Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, de tels facteurs ont accru le taux de mortalité chez les adultes et les très jeunes enfants, inversant ainsi la baisse des décès observée dans les décennies précédentes.
Les bilans d’innocuité des vaccins contre la rougeole sont par ailleurs peu reluisants. Peu après leur introduction, Vital Statistics [les statistiques de l’état civil] aux États-Unis ont commencé à enregistrer les décès dus au vaccin antirougeoleux, ainsi que les décès dus à d’autres vaccins.
En 1970, l’un des deux vaccins originaux contre la rougeole a été retiré des marchés canadien et étasunien après avoir causé la rougeole atypique, une maladie grave entraînant des taux élevés de pneumonie. En 1975, le deuxième vaccin original a été retiré en raison des effets secondaires graves qu’il causait, incluant des fièvres de 103 degrés et plus. Deux variantes de ce vaccin se sont avérées insatisfaisantes.
Un vaccin antirougeoleux a ensuite été incorporé au vaccin combiné RRO (rougeole, rubéole, oreillons) dans les années 1980, pour être finalement retiré du marché par le Canada en 1990 et par le fabricant en 1992 à la suite de rapports provenant du Canada, des États-Unis, de la Suède et du Japon accusant le RRO de provoquer des convulsions fébriles, la méningite, la surdité et des décès. Une deuxième version du RRO, maintenant largement répandue, est considérée comme sûre par les fonctionnaires gouvernementaux.
Mises à part les questions d’innocuité, les vaccins ont échoué à maintes reprises à l’échelle internationale dans les années 1980 et 1990. Comme on l’explique dans L’élimination de la rougeole au Canada, un rapport de 2004 rédigé par des représentants du gouvernement canadien et des universitaires, « malgré la couverture vaccinale à dose unique atteignant presque 100 % dans certaines régions, d’importantes éclosions de rougeole impliquant des milliers de cas persistent […] De toute évidence, en raison de l’échec de la primovaccination, le programme de dose unique du Canada était insuffisant. »
On est finalement arrivé à une solution, soit ajouter une deuxième dose pour les enfants, laquelle semblait initialement contrôler les éclosions de rougeole. Ces dernières années toutefois, le nouveau programme de vaccination a échoué lui aussi. De nouvelles éclosions généralisées ont eu lieu, y compris parmi ceux qui ont reçu la dose recommandée, mais surtout chez les nourrissons trop jeunes pour être vaccinés. Ces derniers ne sont pas protégés parce que leur mère a été vaccinée.
Aujourd’hui, les professionnels de la santé se démènent pour trouver des solutions et suggèrent de nombreuses réformes, y compris la vaccination précoce des enfants et une deuxième dose pour les adultes.
De toute évidence, cette question n’est pas réglée du point de vue scientifique, donc décider de faire vacciner son enfant ou non équivaut à jongler avec les chiffres. Certains parents comptent sur la presse ou les autorités sanitaires pour interpréter les chiffres. D’autres défient les autorités et interprètent ces chiffres en soupesant différemment les risques afin de prendre la meilleure décision pour leur famille.
Qui sont ces derniers?
Selon un sondage de Pediatrics, les enfants non vaccinés aux États-Unis ont une mère d’au moins 30 ans, détenant au moins un diplôme collégial et dont le ménage a un revenu annuel d’au moins 75 000 dollars. En l’absence d’études démontrant que les enfants vaccinés sont en meilleure santé que ceux non vaccinés, les parents de ces ménages instruits ont déterminé que les chiffres plaident contre la vaccination.
Traduction : Le Tribunal de l’infaux
Fuentes?
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No comprendo.
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